Joselyne  CHARLIER

MA PRATIQUE, AU QUOTIDIEN

Faire la démarche de prendre un rendez-vous avec un « psy » ne va pas de soi et bien des personnes diront avoir ressenti une certaine appréhension. Quand il s’agit de la première fois, cette situation inconnue génère pour le moins quelques questions, voire quelques craintes. Je vais répondre à celles qui sont le plus souvent évoquées.

De la difficulté de dire

La situation est inhabituelle : il s’agit de parler de soi, d'exposer ses difficultés, c'est-à-dire d'adresser une demande d'aide à un professionnel certes, mais qu’on ne connaît pas. Alors, ce n’est pas toujours facile de « démarrer ». Pourtant, la plupart du temps, à peine assis(e), les mots viennent. Et si une personne a des difficultés, je lui viens en aide.

Je ne suis pas une analyste silencieuse, je peux, en dehors des interprérations nécessaires, poser une question, demander des précisions, aider à exprimer des ressentis, des émotions, proposer une autre lecture de la situation, etc.

Le cabinet d’un « psy » est un espace de liberté où la personne peut tout dire sans crainte d’être jugée. En contre partie, le ou la psy est tenue au secret professionnel (code de déontologie).

Ce qui se dit dans mon cabinet reste dans mon cabinet.

Après quelques séances, quand la situation devient plus familière, la personne en analyse peut plus facilement laisser libre cours à sa pensée et chemin faisant, elle apprend qu’une pensée qui peut sembler inintéressante, absurde, ridicule et qu’elle a envie de taire… n’est ni absurde, ni ridicule, bien au contraire. Même s’il lui semble passer du coq à l’âne, elle remarquera que cet enchaînement involontaire de pensées, d’images, d’émotions a un sens. Un sens en termes de direction – ce n’est pas le fruit du hasard, elle est conduite quelque part –, et un sens en termes de signification à déchiffrer. Une partie du travail commun consistera à transformer ces pensées et ces images non voulues en paroles voulues. Quelque chose de plus ou moins inconscient devient plus conscient.

A partir de quel moment s’engage-t-on ?

Prendre un temps avant de s’engager dans une psychothérapie vaut pour l’analyste et pour l’analysant.

Il est indispensable en effet :

  • de faire connaissance
  • de se mettre d’accord sur le cadre dans lequel le travail psychothérapeutique prendra place (voir ci-dessous)
  • de pouvoir être au clair sur la demande, même si les motifs de consultation peuvent évoluer

et parallèlement

de mettre en place les conditions de l’installation d’une relation personnelle qui sera le fondement de l’alliance de travail indispensable à la mise en œuvre du processus thérapeutique

  • pour le futur analysant, de commencer à se sentir à l’aise et à sentir pointer l’envie de travailler avec ce psy-là, d’entrevoir ce qu’est le travail de psychothérapie, et de repérer quelque chose de l’ordre d’une possibilité d’entendre un peu différemment ce qu’il dit, etc.
  • pour l’analyste, de ressentir un intérêt pour la personne du futur analysant et de tester son désir de s’engager dans cette analyse-là avec cet analysant-là

C’est pourquoi je propose trois entretiens préliminaires à la prise de décision sachant que ce découpage est artificiel. Dans la pratique, les choses sont beaucoup plus complexes et le véritable engagement dans le travail thérapeutique intervient bien souvent plus tard.

Quel est le cadre de travail ?

Nous avons déjà évoqué dans la partie intitulée De la difficulté de dire, plusieurs aspects du cadre de travail :

  • la confidentialité
  • la règle de neutralité (pas de jugement, pas de conseil, pas de directives)
  • et le principe de la libre association des idées.

D’autres aspects seront à déterminer ensemble :

  • la durée des séances,
  • leur rythme
  • et leur prix.

La fréquence optimale pour une psychothérapie est d’une séance par semaine d’une durée moyenne de 55 minutes. Mais il n’y a pas de règles, nous pouvons convenir d’un autre rythme et d’une autre durée selon les besoins. Ce qui importe est la régularité des séances, sachant qu’une séance peut être reportée en cas de difficultés justifiées, en avertissant, si possible, 24 heures à l'avance. Le prix de la séance est modulé en fonction de la situation financière du futur analysant.

Dans cette notion de cadre de travail, il faudrait encore évoquer l’aménagement de l’espace dans lequel le travail analytique s’effectue. Nous nous contenterons d’indiquer la position des deux protagonistes pour répondre à la question souvent posée : devrais-je m’allonger sur le divan ?
A l’origine, la définition de la psychanalyse était liée au dispositif divan-fauteuil ; Il n’y avait d’analyse qu’ « allongé·e », l’analyste hors de vue de l’analysant.
Aujourd’hui, pour un certain nombre d’analystes, la position « allongé·e sur le divan » n’est qu’un cas particulier de situation analysante. Le travail analytique peut donc se dérouler dans le dispositif en face à face que je pratique le plus souvent.

Combien de temps dure une thérapie ?

Il n’y a pas de règles. Il peut arriver que 2 ou 3 séances suffisent à une personne pour “débloquer” une situation, on parlera de consultation ponctuelle.

Une thérapie n’est ni brève, ni longue, elle doit être adaptée au problème posé et à l’objectif que veut atteindre l’analysant. Elle dure en général plusieurs mois. Certaines personnes arrêteront leur thérapie dès la disparition des symptômes, d’autres voudront aller un peu plus loin, aller plus avant dans une meilleure compréhension de soi.

La durée de la thérapie reste toujours sous le contrôle de l’analysant qui est libre de l’arrêter quand il le juge bon. L’idée étant de s’arrêter dans les meilleures conditions, je propose 2 ou 3 séances de fin pour se remémorer la demande et ce qu’elle est devenue, revenir sur ce qui a été travaillé et ce qui serait encore à travailler.